À Pertuis, Laura Flessel veut "Une France en mouvement"

Laura Flessel a assisté aux championnats de France de parabadminton, hier.

Laura Flessel a assisté aux championnats de France de parabadminton, hier.

Photo ange esposito

Pertuis

De passage à Pertuis hier, la ministre des Sports évoque les grandes lignes de son programme

Le handisport fait partie des axes forts du ministère des Sports. C'est dans ce sens que Laura Flessel a fait étape, hier, à Pertuis, cadre des championnats de France de parabadminton. Après avoir remis des coupes à des lauréats, pris du temps pour discuter avec des participants et assister à des matches, la quintuple médaillée olympique (entre 1996 et 2004) d'escrime, devenue ministre des Sports, a accordé un entretien à La Provence.

Quelle expérience et quels enseignements tirez-vous de vos huit premiers mois à ce poste ?
Laura Flessel : J'ai eu un mois pour me caler et travailler sur une feuille de route avec, en ligne de mire, la conception d'une vision à partager. Aujourd'hui, nous sommes en mouvement et nous nous activons autour de quatre axes bien définis. Le premier d'entre eux consiste à valoriser la pratique pour tout le monde, partout, par tous - personnes valides comme celles en situation de handicap - et ce, tout au long de la vie. D'autre part, nous devons nous mobiliser autour des grands événements pour les bonifier en terme d'impact économique.

Il faut tout faire pour mettre la France en mouvement avec certains axes forts comme la mise en valeur, par exemple, de la pratique sportive au coeur des quartiers prioritaires. Je le dis en toute humilité : nous devons être partout. Le sport est un véritable levier d'inclusion. Ainsi, quand on parle d'activité physique, on fait référence à des valeurs de bien-être, de cohésion, de complicité et de fraternité. Alors oui, pour moi, mener à bien de telles directives représente une responsabilité au quotidien, mais c'est du plaisir aussi.

"J'avais déjà une vie trépidante auparavant, mais c'est sûr, elle est forcément différente, aujourd'hui" (Flessel)

Comment avez-vous pris vos marques dans des fonctions pour lesquelles vous n'étiez pas foncièrement prédisposée ?
Laura Flessel : J'avais quand même déjà une vie trépidante auparavant, car j'étais très engagée dans divers domaines : le sport-handicap, le sport au féminin ou la valorisation de la femme dans notre société. Par ailleurs, je me suis investie dans les métiers de l'événementiel sportif. J'ai même créé un club (Clichy Escrime en 2004). Et puis, je suis la mère d'une jeune fille qui est âgée, aujourd'hui, de 16 ans. (Elle sourit) Donc, vous voyez, j'avais déjà une existence qui était bien rythmée. C'est sûr, aujourd'hui, elle est forcément différente. Elle s'inscrit à l'intérieur d'un gouvernement avec une ligne directrice et un président qui aime et qui croit aux valeurs du sport comme leviers social, sanitaire, diplomatique ou économique. Personnellement, ça implique naturellement une grande implication, un travail de co-construction et d'état des lieux également. Certes, nous ne partons pas d'une feuille blanche, mais il nous faut innover et transformer avec les moyens dont nous disposons, aujourd'hui, pour faire mieux. Dès lors, c'est un travail au quotidien, mais c'est fascinant !

Quand vous étiez athlète de haut niveau, si on vous avait dit que vous seriez assise, un jour, à la table du conseil des ministres, qu'auriez-vous répondu, alors ?
Laura Flessel : (Elle rit) Par le passé, comme j'avais déjà beaucoup d'activités, tout le monde me disait : "Laura, on ne te voit pas parce que tu as un agenda de ministre !" Eh bien, en étant ministre, je me rends compte que c'est encore pire aujourd'hui ! Je dois gérer un rythme très soutenu, mais je fais des rencontres magnifiques et c'est une façon de créer du lien.

"Concernant le sport au féminin, on a encore beaucoup à faire. C'est un vrai challenge" (Flessel)

Vous évoquiez "la place de la femme dans le sport". Le débat autour de l'égalité homme-femme au sein de notre société est monté d'un cran, ces derniers mois. Est-ce un combat à mener, aujourd'hui, dans l'univers du sport ?
Laura Flessel : Concernant le sport au féminin, on a encore beaucoup à faire. Il y a eu une évolution certaine et on peut le constater, puisqu'il y a eu une augmentation de pratiques. On a, d'ailleurs, établi une cartographie fine, mais effectivement, il y a des territoires qui doivent s'impliquer davantage et qui doivent être accompagnés dans ce sens. Attention, nous ne sommes pas là pour critiquer, mais au contraire, pour amener une meilleure harmonisation. Quoi qu'il en soit, il y a beaucoup de choses à entreprendre à ce sujet. Dans la pratique sportive, on met plutôt en exergue l'aspect curatif, mais il faut également avoir un réflexe préventif. Je vais donc redoubler de travail dans ce domaine précis. En étant sportive et engagée dans la société, je veillais déjà à lutter contre toutes les formes de discrimination et le sexisme en faisant évidemment partie. Je continue. C'est un vrai challenge, car beaucoup de femmes n'osent pas.

C'est-à-dire ?
Laura Flessel : Beaucoup n'osent pas pratiquer du sport, car elles se consacrent d'abord à leur famille et pas à elles. Du coup, il faut les accompagner et communiquer davantage sur un temps à optimiser pour soi.

Bernard Laporte a été secrétaire d'État aux Sports (2007-2009). Désormais président de la Fédération française de rugby, il est visé par une enquête portant sur un présumé conflit d'intérêts avec le président de Montpellier, Mohed Altrad. Vous avez, d'ailleurs, transmis vous-même ce dossier à la justice début décembre. Où en est cette enquête, aujourd'hui ?
Laura Flessel : Je suis responsable de l'éthique et des valeurs dans le sport. Et effectivement, on s'interroge sur un éventuel dysfonctionnement. Mais en transmettant ce dossier à la justice, je n'ai pas fait plus ni moins que mon rôle de ministre des Sports. J'ai géré ma partie. Aujourd'hui, en tout cas, l'enquête continue.